Agora
Des histoires de Seuls
De Sherlocktheorie — 24 juin 2017 à 20h07
Esclaves Hors-Série II Alégences Interdites I
Signaler Tag (3)

Le froid... L'air glacial, qui étreignait tout ce qui était, sans faire preuve d'aucune chaleur, lacérant, gelant et tuant tout ce qui avait le malheur de tomber entre ses lames aussi froides que la mort car elles en étaient les émissaires. Ce froid immémorial, car il était immuable, car il vainquait tous les feux, les plus ardents soient-ils. Ce froid qui semblait venir d'un Northland oublié mais pas assez effacé. Ce froid qui existait depuis le début, et qui perdurerait après la fin. Le froid, car il insuflait les seules choses vivantes ici. La douleur, la solitude, la mort. Mais ce froid, bien qu'invulnérable, n'était pas invincible car ils l'avaient vaincu. Aujourd'hui, ils étaient deux, avant, beaucoup plus... L'ombre les avaient aspirés loin de là, car même l'ombre craignait ce lieu et ses ancestraux gardiens, maintenant trépassés... Autrefois, c'était un mythe, puis c'était devenu une réalité. Mais l'abysse rattrapait toujours la lumière, et à fuir la deuxième, ils étaient tombés dans l'autre. L'obscurité les avait rattrapés, et leurs corps, le soleil avait brisés. De part et d'autre, on pouvait voir dans les neiges éternelles, leurs crânes dispérsés, nés du feu et de la glace, ils avaient survécus à l'un et à l'autre. Mais il était un ennemi qu'on ne pouvait pas vaincre. Pas ici. L'oubli. Il les avait replongés dans son néant. Ainsi restaient-ils, cairns noirs, au milieu de l'immaculée pâleur de ces lieux. Des tombes plus que des cadavres. Les tombes d'une civilisation et d'une culture presque effacés. Les tombes de guerriers morts pour que la lumière perdure, alors qu'elle les tuerait tout de même. C'était tout ce à quoi les avaient conduit leur altruisme et leurs idéaux.

C'était tout ce à quoi repensait Gidéon, quant il voyait cela. C'était tout à quoi aurait l'hôte pensé. Parce que d'un côté et de l'autre de la capuche, ils étaient identiques, et lui aussi servait ses idéaux, à présent. Il se redressa, se tenant désormais debout, au sommet de la falaise glacée sur laquelle il se trouvait, du haut de laquelle il observait depuis des heures ce champs de mort et de ruines, où quelques imprudents avait commis l'erreur d'à nouveau mettre les pieds. Gidéon ajusta ses fourrures, remit en place sa capuche, sa cape, cacha son fourreau en prenant soin de vérifier si son couteau n'y était pas bloqué, serra la crosse de son fusil à pompe, jeta un dernier coup d'oeil en direction de ses cibles et siffla. Avant de plonger dans le vide qui s'offrait à lui, garni de stalactites aussi dures que la roche...

 

À suivre...

Commentaires
Chargement des commentaires...