Agora
Des histoires de Seuls
De Mirage — 27 juillet 2017 à 18h45
L'aveu de l'oubli
Signaler Tag (2)

Les souvenirs s’effacent, on oublie. On tombe dans un noir sans fond, on s’abîme. On se demande mais on ne se rappelle pas. Pourquoi ne se rappelle-t-on pas sa mort à son arrivée dans les limbes ? Pourquoi ? Mieux encore : qui a la réponse à cette question ? Non… la vraie question, c’est : a-t-on seulement envie de se souvenir ?

Se souvenir, ce serait regretter. Se dire qui on a laissé derrière nous, se dire ce qu’ils doivent ressentir. Se dire pourtant qu’on vivra avec cette absence et eux aussi.

Je suis, d’un côté, heureuse d’avoir oublié. Heureuse de juste me dire que j’ai eu une vie avant, celle-ci est une nouvelle. Je n’ai plus le même nom, plus le même univers, plus la même société. Le seul point commun entre cette vie et la précédente, c’est mon corps. Mais plus rien ne le relie à l’autre monde : ce n’est plus la même personnalité qui l’habite, plus la même essence.

L’oubli. L’oubli est un vaste trou noir où l’on se noie. Moi, j’ai appris à y dériver la tête hors de l’eau : j’ai arrêté d’essayer de me rappeler.

J’ai abandonné mon ancienne existence inconnue comme un serpent qui abandonne son ancienne peau. Je suis toute entière aux limbes. C’est mon univers, j’y vis, j’y reste !

Pour ceux qui se rappellent, leur antérieur peut leur manquer. C’est compréhensible : ils ont une famille, une histoire, un ancrage là-bas. Lorsqu’ils se sont réveillés ici pour la première fois, ils ont dû être angoissés parce qu’ils reconnaissaient leur monde, vide. Moi, au-dessus de ma tête, c’était juste le plafond blanc d’une chambre étrangère. Un plafond blanc.

Blanc, comme le renouveau.

Commentaires
Chargement des commentaires...