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Des histoires de Seuls
De Jules Varensta — 28 juillet 2017 à 12h11
Enjoy the cruise :    Prologue. 
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Tout avait commencé par une palpitation interne, par une chaleur aux alentours. 

Puis une pression omniprésente.  

La sensation d'être étendu sur une surface molle dans un milieu torride et épais. 

Des yeux péniblement ouverts se posèrent sur un tapis d'algues dans un bassin peu profond, sous une lumière au dessus de la surface. 

Il y eu un moment de silence, assez agréable et relaxant, à contempler ce cadre pour le moins étrange.  

Puis une gêne dans les narines se fit insistante.  Quelque chose ne pouvait durer. Des bulles s'échappaient en rafale des narines et couraient vers le rideau brillant et horizontal.  

Il fallait faire vite, ramper vers cette limite avant d'avoir la poitrine vide. 

Quelques mouvements à moitié engourdis des bras et jambes permirent de s'affranchir aisément du fond vert, puis une course encore maladroite aida à approcher du rideau, qu'un dernier élan permit au visage de dépasser.

 

À l'air libre, il inspira profondément puis regarda autour de lui. 

Le bassin était une source chaude au fond d'une dépression circulaire naturelle, recouverte par la mousse.  Plus haut, des troncs immenses plongeaient vers la lumière.  Une île couverte de fougères occupait le centre du plan d'eau. 

L'air était, là aussi, agréablement torride. 

Il attrapa le bord et resta quelques instants, le torse hors de l'eau, puis se hissa rampa sur quelques mètres, puis s'étendit sur le dos, se reposant un long moment.

Sous une lumière et une chaleur pareille, il ne serait pas long à sécher. 

 

Quand il se réveilla il faisait beaucoup plus chaud. 

Baissant le regard, il songea que son teint beige pâle allait rougir sous peu.  

Il fallut quelque effort à ses bras pour le hisser et lentement reprendre la direction du bassin.  

Arrivant au bord il se pencha et tomba sur un reflet. 

Une tête blonde portée par des bras tremblants le dévisageait avec curiosité.  

Il savait que c'était lui, mais étrangement cela lui était nouveau.  

Un peu comme le reste.  

Il resta encore un moment assis en face de son reflet.  

 

Puis il se retourna et inspecta à nouveau du regard l'extérieur. 

Une curiosité basique pour l'extérieur de cette source et des arbres qui l'entourait commençait à se former.  

Très doucement il prit à nouveau appui sur ses mains, mais ce fut pour s'élever entièrement et rester un instant là, les bras écartés, au bord du vertige.  

Il avait les pieds fermes, mais les jambes flageolantes, et manqua retomber et glisser vers le bassin à maintes reprises. 

Il se décida à monter la pente à quatre pattes, puis il aviserait une fois en haut. 

 

Au delà du cratère la forêt de pins massifs s'étendait dans toutes les directions. 

Il se décida à la traverser dans celle qui paraissait la plus courte, sur un sol couvert de fougères, s'appuyant aux troncs pour éviter une chute. 

 

Cela dura quelques minutes, après quoi l'ombre se faisait plus claire, pour finalement arriver à la limite des bois.  

À travers une arche il posa les yeux sur un paysage totalement différent. 

Les fougères et aiguilles de pin faisait place à de l'herbe qui lui arrivait à la cuisse, et recouvraient les collines avoisinantes. 

Plus loin encore, quelques bouquets de conifères contrastaient avec l'espace découvert. Et encore plus loin, une chaîne de montagnes mineures estompées.  

 

C'est là qu'il perçût un son différent de la source, des insectes ou du vent. 

À quelques dizaines de mètres en contrebas de la sortie de la forêt passait une route pavée.  

Un petit groupe de formes humaines couvertes de blanc venaient d'entrer dans son champ de vision. Deux chiens, leur arrivant à la taille, les accompagnaient et semblaient excités. 

Puis ils dévièrent du chemin et se mirent à aboyer dans sa direction. 

Le premier homme du groupe se détacha, suivi par deux autres. 

Ils commencèrent à arpenter la colline dans sa direction. 

Il n'avait pas peur d'eux, il ne savait juste pas quoi faire.

Il pouvait maintenant les voir de près. Le meneur le dépassait d'une tête et avait les cheveux étrangement pâles et un signe blanc sur le cou, portait des armes à la ceinture, mais n'avait pas jugé nécessaire d'en tirer une, faute de menace visible. 

 

 

Quand leurs regards se croisèrent, ni l'un ni l'autre ne savait par où commencer. 

 

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