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Des histoires de Seuls
De Lathos — 17 août 2017 à 10h42
Rêves et Malédiction - XV
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Jean m'avait guidé dans une petite salle annexe à l'hémicycle, la salle de réunion des Sages et du président du Sénat. On entendait toujours les coups de feu de dehors, et Jean avait vérouillé la porte. Il voulait qu'on soit seuls. 

-Pourquoi ne pas avoir pris Martin avec nous ? Contrairement à bon nombre de Lancaster, il n'est pas très doué pour le combat. C'est un bon député, mais au combat...

-Le but est qu'il meurt.

Il avait lâché ces paroles avec une telle froideur, dont je ne le croyais pas capable. J'avais toujours été persuadé que Lucius, contrairement à bon nombre de gens, respectait la mort. J'étais maintenant fixé. 

-Ecoute, on t'a tant caché de secrets jusqu'à maintenant... Je pense que tu as deviné qu'Amy ne t'a pas choisi par hasard. C'est moi qui lui ai fourni ton nom. Il fallait que tu partes, puis que tu reviennes, avec plus de connaissances et de recul. Il fallait que ça soit toi. Vois-tu, très peu de gens, de députés, de l'époque de l'affaire de la Chambre Blanche, sont toujours en activité aujourd'hui - à part, évidemment, Waldstein et quelques autres, qui sont évidemment des complices, ou des ... des soutiens. C'est le cas de Martin d'Hampshire. Un traître. Il a très bien compris que Waldstein n'était pas clean, mais il l'a laissé accéder au pouvoir au sein du parti. Le but de Martin d'Hampshire, plus de servir les Premières Familles, est de rester chef des Lancaster. C'est son idéalogie. Un jour, la famille serait la plus puissante. Sauf que s'il arrêtait Waldstein, un des membres les plus puissants de Lancaster... Tout serait perdu. Il fallait tuer Waldstein, parce que d'Hampshire ne s'en serait jamais séparé. Et il faut tuer Martin, parce que sinon il montera tout Lancaster contre nous... 

-Je ne comprends toujours pas le rôle que Salier jouait. 

-Tout ceci pourra être expliqué en temps voulu. Mais d'abord, donnez moi les papiers que vous a donné Amy. 

Je lui tendis la liasse de feuilles entourée d'un fil d'or. 

-Parfait. Nous avons de quoi prouver à tous les agissements des complotistes. Car, je pense que vous le savez, Waldstein n'est pas seul. Il a un tas de complices, surtout chez les Médicis. Ces gens là ne pensent qu'au pouvoir. Et puis, un jour, il avait un complice, frère du Maire de Salem. Salier. Son complice principal. Il avait établi avec lui tout son pouvoir. C'était avec lui qu'il jouait les comploteurs. Et puis, vous savez comment ça se passe, en général. L'un d'eux veut avoir plus de pouvoir que l'autre. Alors, il n'avait d'autre choix que de se débarasser de Salier. 

Il fit une pause d'une ou deux secondes, qu'il consacra à l'écoute du raffut dans la salle du Sénat. 

-Salier était un grand général à ce moment-là. Et personne n'était au courant de ses agissements. Il était adoré par le peuple - un petit peu comme l'autre Salier. Tout ça s'est déroulé lors d'une opération très secrète, dans un avant-poste sous la neige, dans les monts ténébreux. Je n'étais pas là ce jour là... Amy y était.... Elle devait surveiller Waldstein - c'était après qu'elle fut expulsée. 

-Je ne comprends pas... n'était-elle pas déjà de la quatrième famille ? 

-Si. Mais, c'est là où je vais vous surprendre... Je ne le savais pas jusqu'à tout-à-l'heure. Je croyais que j'avais les choses en main. Non... c'était elle qui gérait tout... En tout cas, elle était là. Et puis, alors que les armées de Salier repoussaient celles des Dernières Familles, Waldstein et un autre arrivaient sur leurs chevaux. Salier était seul, à ce moment-là. Et, en voyant Waldstein, Salier eut peur. Que venait-il faire ? Ils allèrent tous les trois vers l'avant poste. Waldstein voulait se débarrasser de Salier à ce moment là, et il allait faire comme il l'avait toujours fait. En utilisant la chambre blanche. Il y en avait une, dans l'avant poste. Le coéquipier de Waldstein lui avait sauté dessus, et Waldstein regardait attentivement un Salier, se débattant, être posé sur la couchette. Waldstein avait été clair. Il fallait lui injecter une dose plus que léthale de somnifère. Ce fut fait. 

-Mais dans quel but Waldstein m'a-t-il parlé de Salier, le jour de son élection ? 

-Pour tenter de focaliser ton attention sur Salier, et pas sur quelqu'un d'autre. Mais c'était risqué, car tôt ou tard, tu tomberais sur ceci. 

Il me glissa une feuille sortie de la liasse de papiers. C'était une reproduction d'un tableau, de Waldstein et de quelqu'un d'autre, devant les remparts de Néosalem. Les noms étaient notés en-dessous. Waldstein. Salier. Un frisson parcourut soudainement tout mon corps alors que la porte était en train de se faire enfoncer. 

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