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Des histoires de Seuls
De Lathos — 21 septembre 2017 à 20h32
A deux tiers innocents - VI
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Nous devions nous rendre à l'évidence ; nous étions trop faibles face au mastodonte Wallenstein, et à l'infâme Signac. Après nous avoir lâché un "je ne me prélasse pas avec le petit peuple", il nous avait poliment demandé de sortir du château, ce que nous fîmes sans prendre la peine de saluer le maître de maison. Ca ne servait à rien d'harceler Wallenstein. Il nous avait prouvé qu'il était plus fort. 

Nous retournâmes au château Néosalien sous la menace constante d'un scandale qui pourrait éclater à cause de Signac. Il fallait être plus malin qu'eux, et cette solution, Claude et moi, devrions la trouver seuls, car Diane refuserait de collaborer en sachant que son amourette avec Claude pourrait être révélée, et Lucius resterait enfermé dans son pessimisme habituel. Cette solution s'offrait à nous comme une évidence, et pourtant elle était terrible. 

-Il ne reste qu'à éliminer Signac et Wallenstein. 

C'était moi qui avait prononcé ces mots, sans aucun problème. Je me disais que c'était la solution qu'avait décidé d'employer Eloi - quoique la survie de Wallenstein restait un mystère. 

-Il en est mort, tu sais, murmura Claude. La solution d'Eloi n'a permis que de survivre un temps. 

-Nous n'y avions pas pensé avant, Claude, mais maintenant que tu le dis... Eloi, et par extension d'Hermine, du Châtelet et de Chantilly sont peut-être vivants à l'heure qu'il est ? 

-Les tuer aura servi à quelque chose, rétorqua Claude. Nous savons tous aussi bien que la mort peut engendrer handicaps, pertes de mémoires, arrivée dans un lieu inconnu, et, dans quelque cas, le non-retour dans les Limbes. Alors peut-être que d'Hermine, du Châtelet et de Chantilly sont de retour, mais si l'un d'eux a déjà pu rejoindre Wallenstein, c'est une grande chance pour lui. Quant à Eloi... C'est autre chose. D'Hermine et du Châtelet, comme Wallenstein, étaient militaires, et sont morts un grand nombre de fois. Ils ont donc beaucoup de chance de ne pas revenir. Madame de Chantilly et Eloi, par contre, ne sont pas morts trop souvent, et sont peut-être revenus. Mais pour en revenir à Wallenstein, il ne survivra peut-être pas à une attaque. 

-Je pense que l'on devrait lancer l'armée sur son château, murmurais-je. 

-Surtout pas ! Cela n'aurait que comme effet d'énerver Wallenstein, et dans ce cas-là nous risquerons de subir une invasion sur tout l'axe Firbourg - Hanovre ! Une fois son projet terminé, cela devrait lui être facile... 

-Alors il faut attaquer Fribourg, puis se charger de Wallenstein ensuite ! 

-L'idée de tuer Wallenstein n'est pas mauvaise en soi, mais j'aurais tendance à penser que nous ferions mieux de l'éliminer d'une manière plus discrète... 

Nous marchions dans le salon violet, l'antichambre du salon doré qui avait autrefois servi comme salon privé d'Arlette Angebot, qu'elle avait ensuite reproduis à l'exact aux Invalides dans la dimension obscure. Il y avait son portrait, que les Sages avaient voulu faire retirer, mais que quelques admirateurs d'Angebot ont réussi à faire garder. 

Lucius sortit du salon doré, seul. Il me regarda, d'un air furieux. 

-Je ne sais pas si tu te rends compte de ce que tu as fait, murmura-t-il à mon attention. Le but était d'être discret, et maintenant monsieur Signac vient menacer l'empire tout entier ! J'aurais tendance à vouloir le faire assassiner, mais c'est ce qui a fait perdre Eloi ! 

-Je peux donner des noms aussi ! rétorquais-je, agacé. Lancelot de Catane, par exemple, était là, avec Wallenstein ! 

-Quel nom as-tu dit ? demanda Lucius, soudainement intéressé. 

-Lancelot de Catane, pourquoi ? 

-Mais ça change toute la donne... Vous allez retourner voir Wallenstein, ordonna Lucius. Je pense que nous aurons bientôt l'occasion d'en savoir plus... Je vous ferais parvenir un mot avec plus d'informations. En attendant... bonne chance... Vous pourriez en avoir besoin. 

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