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Des histoires de Seuls
De Sherlocktheorie — 15 novembre 2017 à 19h37
Esclaves VIi Partie 16 Course-Poursuite
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Le char de Phœbe avait dépassé les neuf heures et demi depuis quelques temps sur la voute céleste… La Chasse battait son plein. En contrebas, les chasseurs, comparables à de minuscules fourmis, menaient une lutte acharnée, colorant les immaculées artères de la ville de leurs couleurs. 

Du vert par-ci, du rouge par-là… Une alvéole noire ici. Tiens, un troisième parti semblait se démarquer… Tandis que le rubis et l’émeraude s'affrontaient, ces tâches d'encre se multipliaient. Non pas comme les minuscules points jaunes ou bleus qui apparaissaient ci et là, tel des vautours fondant sur une charogne abandonnée. Non, pas comme des charognards mais comme des prédateurs à part entière, ces nouveaux concurrents s'attaquaient aux zones moins bien ciblées. 

Mais, pour l'instant, il ne rivalisaient pas avec les deux grands partis. Eux avaient pris de l'avance et devaient être plus nombreux. Mais il y avait bien un ennemi, tapis dans l'ombre, qui attendait l'issue de l’effroyable duel.

En tout cas, Bastien, Neva et Anaëlle ne semblait pas s'en préoccuper. À vrai dire, il avait autre chose à faire. Quelque chose qui rimait avec courir, ou plus précisément pédaler. 

En effet, ils filaient à vive allure sur les vélos qu'ils avaient empruntés quelques temps plus tôt, pour échapper à un escadron de quatre miliciens, eux aussi équipés des mêmes engins, mais contraints de se partager les deux seuls vélos qu'ils avaient récupérés.

Anaëlle filait en tête, suivie de près par Neva puis Bastien, plus loin derrière.  Leurs poursuivants les rattrapaient. Seulement une dizaine de mettre les séparaient de Bastien, désormais. Et le sort s'acharnait sur les légionnaires, puisque le vélo de Neva fit une brusque embardée pour envoyer sa conductrice sur la chaussée. 

Anaëlle ne s’arrêta pas, consciente qu'elle était le dernier espoir du groupe, tandis que Bastien délogeait son pied de sa pédale pour frapper un dispositif fixé à l’arrière de son vélo. Un jet de peinture comprimée traversa l'air tel un étrange brouillard et aveugla le milicien de tête qui chuta à son tour, entraînant son camarade assis sur le porte bagage et stoppant net le second vélo qui dérapa pour se coucher sur le côté. 

Bastien s’arrêta au niveau de Neva qui avait tiré son arc et une flèche affublé d'une fléchette soporifique en guise de pointe, pour repousser les miliciens. Aussitôt que son ami s’arrêta à son niveau, elle sauta sur son vélo et eut la surprise de constater qu'il en sautait pour courir se réfugier à l’embouchure d'une ruelle adjacente, couvert par le brouillard d’émeraude que dégageait encore le bricolage de Lode. 

Sans plus se poser de question elle se mit à pédaler, pour rattraper Anaëlle qui avait pris son avance. 

Les quatre miliciens se redressèrent aussi vite qu'ils purent et se remirent en selle pour repartir à la poursuite des légionnaires, n'ayant pas remarqué la désertion de Bastien. Mais arrivé au niveau du vélo abandonné, un milicien freina. 

« Il y a de la peinture verte au sol… c'est leur territoire, on ne devrait pas passer là.

- Imbécile ! cria son passager, si on s’arrête là, on les aura jamais !

- Mais, persista l'autre, et les règles ? »

Il fut jeté au sol par son camarade qui prit le guidon et démarra sans l'attendre.

Alors que le milicien se redressait bougonnant que ce n'était pas juste et que c'était enfreindre les règles de la chasse que de faire ça, une ombre approchait à tâtons dans son dos.

« Qui est là … ? » hésita-t-il, oubliant de saisir son arme restée au sol.

Le cliquetis glacial d'un chien qu'on abaisse lui répondit. 

 

 

À suivre...

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