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Des histoires de Seuls
De Lathos — 22 novembre 2017 à 20h57
Rockfeller, ou "La Mort" - VIII
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On avait retrouvé son cadavre tôt dans la matinée.

L'autopsie révéla assez vite qu'il était mort dans entre 17 heures et 19 heures. Donc il n'avait pas vraiment eu le temps de s'échapper. De plus, il avait été empoisonné par le petit joujou dont j'étais le seul à posséder un extrait. C'était un meurtre sale, un avertissement. Farfisa n'était qu'une première menace. La deuxième me touchait particulièrement.

Je marchais avec le corps de Blayis, enfermé dans son cercueil aux couleurs de l'empire. Il n'y avait pas de foule à son enterrement, mais Saint Paul avait fait l'effort de se présenter. Signac et Martingale étaient toujours à Néosalem en train de réprimander les révoltes de prêtres. Je commençais à me poser des questions encore plus sérieuses.

Les myrmidons devaient savoir qu'il allait s'échapper de son palais. Mais comment ? Les seuls hommes que j'y avais envoyé étaient ceux de Signac, et seuls Blayis, lui et Rotmund étaient au courant du lieu où séjournait l'ex-chef du gouvernement. Je ne pouvais plus attendre que les myrmidons se présentent. Il fallait que je les éradique avant.

A la sortie du cimetière, j'abordais Saint Paul, qui avait l'air désemparé. Il me tendit un journal qu'il venait de recevoir de la part du maire de Salem, aussi présent à cet enterrement. Mort du Baron Jean de Blayis : les manipulations de notre gouvernement. J'ouvrais le journal et survola l'article qui suivait.

Selon une source fiable, le Baron Simon de Rockfeller, de la maison Bourbon de Néosalem et actuel chef de notre gouvernement, aurait manipulé le Baron Jean de Blayis de manière à récupérer son poste actuel. Nous pensons qu'il est aussi responsable de la mise en état de guerre des provinces Néosaliennes, encouragée par le Sénat Néosalien avant même la déclaration officiel du Baron de Signac. Est-il aussi responsable de la mort de monsieur Blayis ? Si cela continue ainsi, le récemment institué Simon de Rockfeller pourrait bien encourir une destitution puis un emprisonnement à vie dans les Catacombes. D'autres théories récentes circulent à son sujet, comme la potentielle existence d'une prison privée dans laquelle il enfermerait tous ses ennemis politiques.

-Que dites-vous ? me demanda Saint Paul.

-J'en dis que quelqu'un d'intelligent joue dans le camp d'en face. Sauf que le camp d'en face n'était pas celui qu'on pensait. Saint Paul, faites appeler Martingale et dites lui de joindre ses forces à l'armées des prêtres. C'est nécéssaire si vous voulez garder votre poste de Grand Recteur. En attendant - (je me tournais vers mon secrétaire) - faites expulser Rotmund de son poste et mettez-le au poste de Grand Magister, quoique soit son avis. Faites aussi appeler la comission de la quatrième famille, nous pourrions avoir besoin de leur consentement pour les évènements qui vont suivre. Faites appeler la télévision à mon bureau. Tout ceci doit se passer en moins de dix minutes.

J'étais angoissé. Je n'avais jamais ressenti ça avec Savignac, ni avec Devigny, mais cette fois quelque chose sortait de mes compétences. J'étais en grand danger. Et j'avais deux issues possibles. Soit réussir, soit ne pas tout perdre. Subir un échec complet n'était pas dans les possibilités.

Mon secrétaire fit bien son travail, comme Saint Paul. Je me retrouvais rapidement avec une horde de caméras devant mon bureau, me demandant comment je me sentais face à la décision de l'Archêveque Martingale de Venise, et ce que j'avais à dire face à l'article. Je démentis - assez bien je pense - tous les crimes dont j'étais coupable, et déviais assez rapidement pour aborder les sujets qui m'intéressaient.

-Aujourd'hui, j'ai décidé, avec l'approbation de monsieur de Saint Paul, le Grand Recteur, et l'aval de mon gouvernement et d'une grande partie du corps religieux, de dissoudre le Sénat de Néosalem et le ministère de la Guerre. Monsieur Martingale deviendra Général dans une demi-heure. Les ordres de retraite de l'armée de monsieur Signac ont déjà été donnés. Fin du communiqué.

Je les laissais alors qu'ils me bombardaient de questions. Je sortis mon téléphone, et, sous le nom de Signac dans mes messages, j'écrivis Alors, heureux ? Ce n'est pas le soleil qui tua Icare, c'est sa chute. Bonne chance, tu tombes de haut.

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