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Des histoires de Seuls
De Lathos — 23 février 2018 à 12h43
Chroniques de Wallenstein - Imperator : VIIII (W)
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Je regardais rapidement autour de moi. Il faisait nuit, mais, sous le règne de Saint Paul, on avait installé des lampes à l'intérieur de Sainte Arlette, dont la lumière s'échappait fébrilement par les vitraux. Le cadre était particulièrement bien choisi, car c'était mon dernier joker - mon joker religieux - que je jouais ici. 

Pierre Boutrand était le Colombe de Rockfeller, en quelque sorte. Un enfant de l'ombre, qui travaillait dur pour conseiller ses maîtres, mais qui avait secrètement juré allégeance à l'autre camp. Il me regarda, je le regardai, et on sut immédiatement que la fin était proche. Que le dernier chapitre allait arriver. 

-Il essaie de placer quelqu'un sur le trône, murmurais-je. Qui ? 

-Il veut se placer lui-même sur le trône. 

Je le sentais venir. Je savais que Rockfeller voulait se placer sur le trône. Mais je refusais de le croire.

-Vous êtes du Conseil Constitutionnel, continuais-je. Vous avez pu voir le Testament ? 

-Vous en ferez partie après-demain, si vous vous tenez tranquille, monsieur de Wallenstein. Le Testament veut que l'Empereur n'ait aucun titre, ait déjà gagné une élection, qu'il ait au moins deux cent ans, qu'il n'ait jamais été condamné pour une quelconque peine, et que les trois Membres Suprêmes du Conseil - Blayis, Laspérides et Verset - soient d'accord sur le candidat. 

-Je ne sais pas comment les choses vont se dérouler, mais, idéalement, vous allez devenir empereur, Boutrand. Ne vous mettez pas Bourbon à dos. Coopérez. Vous pensez que vous pouvez gagner ? 

-Pas contre Rockfeller. 

-Ca ne sera pas un problème. 

*

*          *

Il faisait chaud. Salem était dans le sud de l'Italie, et, même la nuit et même vers la fin de l'hiver, il faisait suffisament chaud pour qu'on ait pas besoin de manteau. Une nuit s'était déroulée depuis ma dernière entrevue à Sainte Arlette, et cette fois, j'y retrouvais l'ennemi, un large sourire sur le visage. 

-Monsieur de Wallenstein, me dit-il en regardant la tombe dans laquelle Signac s'était fait enterrer à sa place. 

-Monsieur de Rockfeller, je sais ce que vous voulez faire. 

-Vous avez mis un certain temps... 

-Depuis combien de temps avez-vous mis au point ce plan ? 

-Vous voulez évaluer à quel point je suis un malade, Ferdinand... Je sais que je veux tuer Sekhmet depuis que j'ai accédé à un poste de député. J'attendais juste le bon moment... Et il est arrivé. Je suis l'Empereur des Premières Familles, que tu le veuilles ou non. 

-Je vous ferai tomber. 

-Lui aussi a dit ça. Et on le regarde actuellement... La stèle ! Simon de Rockfeller - 1798 - 2013. Ils ne l'ont pas encore changée... Bientôt, vous ne serez plus rien, Wallenstein.

-Vous allez perdre. 

-Il vous reste l'espoir ! Pauvre petite chose, dit-il en s'approchant de moi. Vous n'allez pas gagner. J'ai un parti, une armée, un gouvernement. 

-Vous allez perdre. 

-Allons ! Non, je vais gagner, Ferdinand. Vous n'avez plus aucune chance. 

-Vous allez perdre. 

-J'ai tous les outils en main pour gagner ! Le peuple ne m'aime pas spécialement, mais la politique m'adore ! J'ai tous les outils en main, et vous, Ferdinand, qu'avez-vous ? 

-J'ai un pistolet. 

Il avait essayé de sauter en arrière. C'était inutile. 

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