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Des histoires de Seuls
De Bond — 6 août 2018 à 20h15
Bousier des Limbes _ Partie 4 _ Trois gouttelettes sur une feuille de laurier
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5e craque, ça y est.

Sa compagne à rayures noires et jaunes est morte. En plus de la tuer, la goutte fait déborder le vase. 

5e ne cherche plus, il fonce vers le sol en se disant qu’il trouvera bien un abri en bas, du moins s’il n’est pas happé par la pluie avant.

 

À un mètre de surface de la Terre, les antennes du bousier se dressent : le sol est bleu gris et semble en mouvement. En effet, notre pauvre scarabéide fuse non pas vers de la terre, non pas vers de la matière végétale, mais droit sur une... une mare !

 

Si l’averse ne cesse pas, elle va finir par déborder, déclare Seb. Fred rétorque : elle en a connu d’autres, cette mare... 

Les deux sans-abris remarquent un insecte fonçant vers celle-ci. 

...Regarde ! lance Frédéric, le sourire aux lèvres, même les scarabées veulent s’y suicider !

 

Tout se passe comme au ralenti pour 5e. Ce court instant dure une éternité. 

 

600. 650. 700. Il n’a jamais fait autant d’efforts. 750. 800. La fréquence progresse encore et encore. 850. 900 vibrations par seconde. 5e mobilise toute son énergie pour sa survie. 

Ça marche ! L’insecte ralentit... à temps ?

 

Compte à rebours spatio-temporel mortel. Encore trois millisecondes avant la noyade. Encore trois centimètres avant la noyade. Deux... Un...

 

Les talses de ses pattes arrières s’enfoncent dans l’eau. Les tibias s’enfoncent à leur tour. Les fémurs effleurent la mare. Les tibias en ressortent. Enfin les talses reprennent l’air également.

 

Sauvé ? De la mare, oui, mais pas de la pluie.

 

Dans ces moments là, 5e aurait voulu être un moustique. Eux ne craignent pas la pluie, leur souplesse est telle qu’il réussissent en un temps infime à se dégager d’une goutte de pluie !

 

Le bousier à bout de force se cogne à un roseau. Son corps est trop robuste et compacte, il ne se contrôle plus. 5e tournoie dans les airs, il ne distingue plus rien.

 

Gros choc.

 

5e se met en boule.

 

Il attend.

 

5 minutes passent.

 

Le scarabée noir ose enfin lever la tête. L’averse a cessé, tout est redevenu calme. Soulagé, 5e décide de patienter le temps de sécher.

 

Il fait nuit à Fortville, l’air est frais, le ciel se dégage et laisse apparaître quelques étoiles. 5e dort sur une feuille de laurier sur laquelle reposent trois fines gouttes d’eau. Le poids du coléoptère fait pencher la feuille.

 

La première glisse et lui bloque les pattes.

5e se réveille.

 

La seconde glisse et lui englobe les ailes.

5e se débat.

 

La troisième glisse et l’étouffe.

 

5e meurt.

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