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Des histoires de Seuls
De Abby_From_The_Abyss — 14 février 2019 à 10h37
Sequel au "ship" tember
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Remember le texte "ship" tember (avec 10 milliards de guillemets) que j'avais écrit avec Sélène et Alexandre ? (http://www.seuls-labd.com/agora-post.php?post=8152) 

BAH j'ai fait une suite :) Oui je sais j'irai en enfer lel

 

"Vous aviez dit que vous ne nous sépareriez pas..."

"Ceci est une exception, Sélène" Diane ferma la porte une fois la petite entrée "Nous devons nous entretenir avec toi spécifiquement"

 

Sélène s'avança et s'assit sur la chaise. Face à elle, Diane rejoignait Eloi et Lucius. Les trois sages toisaient la gamine d'un air mécontent et quelque peu dégoûté. La petite commença à balancer ses jambes et à triturer le tissu de sa jupe. Une telle position lui rappelait ses débuts à Néosalem. Et ces souvenirs étaient loin d'être bons.

Comme le silence persistait, la petite prit la parole.

 

"Qu'attendez-vous de moi ?"

"Nous avons analysé le rapport de votre mission à toi et Alexandre" Lucius agita le dit rapport avant de le poser sur la table "Et il nous paraît évident que tu es en majeure responsable de son échec"

"Hm..."

"Tu sembles hésitante. Ne nous crois-tu pas ?"

"Si, Diane... Mais je-"

Eloi reprit le dossier et en sortit une feuille de notes "Selon vos déclarations, vous avez décidé de vous attaquer seuls aux enfants de Fortville. Vous n'étiez sûrs de rien et, pourtant, vous avez agi de façon extrême et radicale, causant la mort d'un enfant innocent dans cette affaire et le réveil des terres basses. Et tout cela-"

 

Sélène se redressa subitement. 

 

"Ce n'était qu'une question de temps avant qu'elles ne se réveillent ! L'enfant minuit était de toute façon proche de leur cœur. Nos actes n'ont aucune-"

"Silence ! Ne nous interromps pas !" Lucius jeta un regard noir à la petite "Penses-tu vraiment être en position de te défendre ?"

 

La gamine ouvrit la bouche mais la referma aussitôt. Elle baissa la tête et Eloi reprit.

 

"Tout cela, donc, semble découler de tes propres initiatives puisque tu as incité ton frère à agir comme tu l'entendais. Confirmes-tu cela ?"

"Oui..."

"Tu reconnais donc nous avoir désobéi ?" 

"Oui..."

"Et, même au moment de prendre ces initiatives, tu savais qu'il y aurait des sanctions pour tel comportement ?"

"O... Oui..."

 

Les sages soupirèrent. Ils se mirent à murmurer entre eux mais Sélène n'essaya même pas de les écouter. Ses mains tremblaient et ses poings blanchissaient tant elle les serrait. La petite avait l'impression d'étouffer et elle savait que, à n'importe quel moment, elle pouvait fondre en larmes. Cela faisait plusieurs semaines qu'elle et Alexandre avaient fui Fortville. Plusieurs jours depuis leur retour à Néosalem. Et elle ne s'était toujours pas pardonnée ce qu'elle avait fait subir à son frère. Ses nerfs avaient été à vifs dès le premier jour où les sages les avaient appelés. À chaque interrogatoire, elle se faisait violence et craquait dès qu'elle se retrouvait hors de la pièce. Elle en avait assez. Assez de Néosalem, des sages, de la sixième famille, des premières familles en général... Elle s'était juré que, si par miracle, elle et son frère sortaient indemne de cette affaire, ils fuiraient ensemble cette maudite ville pour ne plus jamais y remettre les pieds. Cependant, autant elle souhaitait cela plus que tout au monde, autant elle savait que plus aucun miracle ne lui serait accordé. 

Et ce qui suivit ne fit que confirmer son pessimisme.

 

"Sélène, tu es l'une de nos meilleures soldates" avoua Diane d'un air presque dépité "Tu as rejoint la sixième famille très vite après ton arrivée et tu ne nous as jamais déçus. Tu suivais les ordres à la lettre, tu étais douée autant en combat qu'en stratégie et tu faisais preuve d'une loyauté à toute épreuve. Cependant, tu as commis une faute très grave et tel crime ne peut rester impuni. Tu comprends cela, n'est-ce pas ?"

"Je suis prête à prendre n'importe quel blâme..."

"Nous avons une proposition pour te sortir de ce mauvais pas. Mais cela risque d'être très dur pour toi"

 

Sélène releva la tête. Dans son esprit, elle se disait déjà qu'elle refuserait toute mission en lien avec les dernières familles.

 

"Comment ça ?" demanda-t-elle, un peu effrayée

"La future guerre des limbes approche et nous ne pouvons pas nous permettre de perdre nos troupes d'élite" expliqua Lucius "Nous pourrions éventuellement rejeter la faute de tes actes sur un autre soldat qui subirait alors ta sanction et, toi, tu n'écoperais que d'un avertissement"

"Bien sûr, cela devra rester secret" précisa Eloi "Une telle procédure n'est pas éthique mais est parfois nécessaire"

"Alors, Sélène ?" termina Diane "Qu'en dis-tu ?"

 

La petite fille n'était pas rassurée par cette alternative. Elle avait peur de comprendre où les sages voulaient en venir. 

 

"Qui subirait le blâme à ma place ?" demanda-t-elle, bien qu'elle savait déjà un peu la réponse

 

Les sages se jetèrent des regards entre eux, comme s'ils voulaient s'assurer qu'ils étaient tous d'accord.

 

"Alexandre"

 

Elle le savait. Elle le savait et, pourtant, ça ne l'empêcha pas d'être horrifiée. Sa respiration s'accélèra et elle se sentit à nouveau étouffer. Son corps entier se mit à trembler. 

 

"Je refuse"

 

Clairement, ce n'était pas la réponse qu'attendaient les sages.

 

"Réfléchis y, Sélène. Tu as tout à gagner à-"

"Non! J'ai dit non ! Et je ne changerai pas d'avis !"

"Écoute, nous comprenons que cela ne sera pas facile pour toi mais, parfois, il faut faire des sacrifices !"

"Non, non, NON !"

 

Sélène se releva. Elle le sentait venir. Une douleur ardente au cœur, des larmes qui perlaient dans ses yeux, quelque chose qui bloquait sa gorge... Elle ne tiendrait plus longtemps.

Elle essaya de sortir de la salle mais se fit arrêter par deux gardes. Ceux-ci la saisirent par les bras et la forcèrent à se rasseoir sur la chaise. La petite se débattait mais ses blessures et le voyage depuis Fortville l'avaient affaiblie. Impassibles, les sages la toisaient avec dédain.

 

"Cesse de faire l'enfant, Sélène !" ordonna Diane "Alexandre est un moins bon soldat que toi. Réfléchis deux secondes et tu comprendras que notre proposition est la meilleure chose à faire"

"Je ne veux pas !" à ce stade, les larmes coulaient sur ses joues et sa voix était entrecoupée de sanglots "Je ne ferai pas ça à mon frère ! Laissez-moi partir !"

"Que nous contes-tu encore ?" Eloi s'avança vers Sélène et se pencha vers elle "Depuis des années, tu joues au petit chef avec lui. Tu semblais ne pas te laisser atteindre par les sentiments et c'est bien cela que nous respections chez toi. Quelle différence entre le forcer à commettre des crimes et te servir de lui pour échapper à ta sentence ? Au moins tu seras honnête avec lui, cette fois"

 

Sélène secoua la tête, sa gorge trop enrouée pour parler. Sa mâchoire se serrait, ses ongles se plantaient dans ses paumes... Elle ne voulait plus penser à ce qu'elle avait fait subir à Alexandre. Et elle voulait encore moins recommencer. 

Lucius, jusque là relativement calme, explosa

 

"Ça suffit, Sélène ! Nous en avons assez de tes pleurnicheries! Accepte immédiatement !" 

 

Cela poussa la petite à ses limites. Elle prit trop vite conscience de tout ce qui l'entourait: les mains des gardes qui serraient trop ses bras, Eloi beaucoup trop près d'elle, les regards noirs de Diane trop perçants, les cris de Lucius trop forts... Dans sa tête aussi, ses pensées allaient beaucoup trop vite. Tout lui donnait l'impression de dériver vers la folie. 

C'en était trop.

Elle hurla

 

"LÂCHEZ-MOI !!!"

 

Cela eut pour effet de ramener le silence. Cependant, ça ne la calma pas, bien du contraire. Elle éclata en sanglots, répétant, plus bas:

 

"J'veux pas... J'veux pas... J'veux pas..."

 

Les sages firent un signe aux gardes et ceux-ci finirent par lâcher les bras de la petite fille. Sélène ramena immédiatement ses genoux contre elle et prit sa tête dans ses mains. Ses sanglots l'empêchaient de respirer correctement et elle tremblait comme une feuille. Des bleus apparaissaient petit à petit là où les gardes l'avaient maintenue. 

Elle continua de pleurer alors que les sages recommencèrent à discuter entre eux. Après plusieurs longues minutes, ils se remirent face à Sélène.

 

"Nous tenons d'abord à dire que nous sommes très déçus par ton comportement" dit amèrement Eloi "Nous pensions que tu étais plus intelligente que cela"

"Ensuite, puisque tu refuses l'alternative que nous te proposons, tu devras subir seule les conséquences de tes actes. Sachant que cela peut aller de la simple prison à la chambre blanche"

"Laissez Alexandre tranquille..."

"Pardon ?"

"Blanchissez-le, lui" Sélène trouva enfin le courage de relever la tête. Ses yeux bouffis et rougis fixaient les sages "Je subirai sa peine en plus de la mienne s'il le faut. Mais, je vous en supplie, laissez-le partir"

"Je ne comprends plus rien" avoua Eloi

"Te rends-tu seulement compte que tu risques très gros ?"

"Oui... Mais c'est ce que je mérite, non ? Vous dites vous-mêmes que c'est de ma faute si Alexandre a des problèmes. Laissez-moi faire ça pour lui, s'il-vous-plaît..." 

 

Les trois sages poussèrent de longs soupirs. La situation avait clairement tourné à leur désavantage. 

 

"Comme tu veux" conclut Lucius "De toute façon, nous n'avons pas le temps de nous occuper de vous deux plus longtemps" 

"Emmenez-la" ordonna Diane aux gardes

"Attendez !" Sélène s'était relevée et avancée vers les sages "Laissez-moi lui parler une dernière fois... C'est très important" 

"Bien" Lucius roula des yeux "Vous avez jusqu'au crépuscule pour vous faire vos adieux"

"Merci infiniment !" 

 

Sélène fut escortée hors de la salle. Elle pouvait encore entendre les sages médire sur elle tandis qu'elle sortait. Alexandre l'attendait dans le couloir et, dès qu'il l'a vit, il se précipita vers elle. 

 

"Sélène ! Je t'ai entendue crier. Tout va bien ?" 

 

Il s'était agenouillé à sa hauteur et essuyait les larmes du visage de la petite. Dans son regard, Sélène pouvait lire une profonde inquiétude. Elle soupira avant de prendre son frère dans ses bras. 

 

"Oui, petit frère. Tout va bien..." elle ferma les yeux, laissant les dernières larmes qu'il lui restait couler sur ses joues pâles "Tout ira bien, maintenant..." 

 

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