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Théories des Limbes
De Le Maître Sain — 13 mars 2021 à 00h06
« Je suis une légende » // « Le Survivant » : Comment le roman et le film ont marqué Seuls…
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« Je suis une légende », roman sci-fi de Richard Matheson, est sorti en 1954.

 

 

Les débuts

 

À Los Angeles, Robert Neville est le seul survivant d’une pandémie qui a décimé presque toute la population humaine, transformant le reste en peuple « vampire-zombie » albinos, chassant la nuit et ne supportant pas la lumière du jour, se faisant appeler « La Famille ». Tandis que Neville tente de comprendre l’épidémie, et entreprend des recherches dans l’espoir d’y trouver un remède, des armées entières de vampires-zombies encerclent sa maison de nuit, cherchant à tout prix un moyen de rentrer pour s’en prendre à lui, sans vouloir nécessairement le tuer. Pour cela, ils n’hésitent pas à mettre les femmes en avant, et le voisin de Neville, Ben Cortman, lui aussi transformé, n’a de cesse de chercher un moyen de le manipuler. Mais Neville survit, barricadé de nuit, muni de réserves d’ail, de miroirs et de crucifix, sortant le jour pour le ravitaillement, et aussi pour tenter de découvrir la planque de la Famille. Ce faisant, il n’hésite pas à rentrer chez les quelques membres imprudents se reposant le jour afin de les tuer, à l’aide de pieux, puisque ses balles de revolver sont inefficaces, avant de brûler leurs cadavres dans une décharge. Il devient ainsi une véritable menace pour les vampires, une légende terrifiante, le « monstre tueur de la Famille ». La situation est rendue encore plus complexe par les tempêtes de sable hebdomadaires qui s’abattent sur la ville et la ravagent.

 

 

Le passé

 

On en apprend progressivement plus sur son passé, le fait que sa fille unique ait contracté l’épidémie, décédant, et dont le corps fut brûlé par Neville sur ordre du gouvernement. La femme de Neville mourut également, mais il refusa cette fois-ci de l’incinérer, l’enterrant secrètement ; elle sortit alors de terre sous forme vampire, et il dut malheureusement la tuer. Neville sombra ensuite dans la dépression et l’alcoolisme, cauchemardant en permanence, avant de s’intéresser plus en profondeur aux raisons scientifiques de cette étrange maladie vampirisante, jusqu’à découvrir que le bacille infectait autant les morts que les vivants. Il se plongeait corps et âme dans ses recherches lorsqu’un chien, sa seule compagnie après des années de solitude extrême, mourut de la maladie. Un chien terrorisé, nerveux, méfiant, qu’il avait eu tant de mal à apprivoiser. Neville apprit également que les vampires avaient été soumis à un puissant conditionnement psychologique de leur vivant, expliquant leur aversion pour certaines choses ; la maladie les rendrait fous, aveugles, tendus. Chacun semble aussi avoir sa propre peur. Sans parler des deux espèces de vampires : les morts-vivants, et ceux qui souffrent de plus en plus dans leur chair tout en étant vivants. Il finit aussi par comprendre que la pandémie fut répandue par une nuée de moustiques porteurs du virus, eux-mêmes charriés par les nuages de sable qui s’amassent de plus en plus sur Terre. Ces siroccos empoisonnés provenant eux-mêmes…d’une guerre très récente, dont peu auraient entendu parler.

 

 

La Survivante

 

Bien plus tard, Neville rencontre enfin une survivante, comme lui…mais pas vampire, qui déambule, terrifiée, en plein jour. Il a d’abord quelques soupçons par rapport à la réaction de celle-ci vis-à-vis de l’ail, mais ils se lient bien vite d’amitié et s’accordent confiance mutuelle, jusqu’à l’amour. Neville lui confie ses découvertes, et lui explique pourquoi il n’est pas infecté : il a développé une immunité contre le virus lorsqu’il fut mordu par une chauve-souris vampire, elle-même infectée, il y a des années de cela, dans une jungle au Panama où il était soldat. Il propose alors à Ruth, la jeune femme, de la sauver en lui faisant une prise de sang pour débuter l’élaboration d’un vaccin ou d’un sérum ; il doit d’abord savoir si elle est infectée ou immunisée. Elle l’assomme alors soudain, et, à son réveil, il découvre la triste vérité : elle lui laisse un mot où elle lui révèle qu’elle était en fait une vampire, espionne à leur service, très particulière, qui voulait venger la mort de son mari lui-même vampire, tué par Neville il y a très longtemps. Elle lui explique qu’elle est différente parce qu’elle a été infectée vivante, et qu’elle a bénéficié de mutations aléatoires positives des bactéries. En réalité, seuls les morts-vivants sont pathologiquement violents ; mais quand aux vampires-vivants, qui existent, comme elle, et qui forment un véritable petit peuple d’élite, ils sont capables, avec le temps, de surmonter leur maladie, et envisagent de créer une nouvelle société, disposant de médicaments qui réduisent les symptômes les plus graves. Ruth avertit également Neville que ses sentiments à son égard sont sincères, mais que son peuple essaiera tôt ou tard de le capturer, et qu’il doit fuir à tout prix la ville, puisqu’ils connaissent mieux son logement désormais.

 

 

Désillusions

 

Mais Neville, pensant que la « nouvelle société » le traitera équitablement malgré tout, décide quand même de rester dans son logement. Le gang de Ruth arrive alors, et se débarrasse des vampires lambda qui assiègent toutes les nuits l’appartement de Neville. Car cette fois, les lambda se mettent à vouloir le tuer ; mais il refuse d’attendre l’aide du gang, et pense plutôt, à raison, qu’ils sont tous contre lui. Il tire alors des coups de feu sur les vampires, avant de se faire tirer dessus lui-même et de se faire capturer. Mortellement blessé, Neville se retrouve alors enfermé dans une cellule où Ruth lui rend visite, l’informant qu’elle appartient à l’élite de la nouvelle société, mais que, contrairement aux autres, elle ne le déteste pas. Alors que le Conseil s’interroge sur le sort à réserver à Neville, qui a quand même tué nombre d’entre eux, ils décident finalement, au nom de la sécurité publique de leur nouvelle société, de l’exécuter. Ruth est d’accord, mais, secrètement, donne à Neville une boîte de pilules à effet rapide, pour qu’il se suicide avant l’heure fatidique. Lui accepte son sort, ayant bien réfléchi, et demande au moins à Ruth de ne pas laisser cette société parfaite se refroidir et devenir aussi cruelle que celle d’avant. Elle promet d’essayer et l’embrasse, avant de partir pour toujours.

 

 

La fin

 

Neville, depuis la fenêtre de sa prison, observe les infectés en train de le fixer, un mélange de haine et de peur dans les yeux, ce qu’il ressentait pour eux autrefois. Il réalise alors que lui-même, seul survivant de l’ancienne humanité, est désormais devenu une véritable légende aux yeux de cette nouvelle race née de l’infection. Il ne peut condamner leur désir de le tuer, puisqu’il en a tué tant d’entre eux, alors qu’ils voulaient simplement, au fond, qu’il soit comme eux. Mais ils le faisaient mal. Et qu’auraient-ils fait de lui, d’ailleurs ? Pourquoi les avait-il massacrés, au fait ? Était-ce vraiment nécessaire ? Neville se suicide alors, riant de savoir qu’il deviendrait bientôt une superstition, une légende pour enfants terrifiante dans l’esprit populaire de cette nouvelle humanité, tout comme les vampires l’étaient autrefois pour les humains. 

 

 

 

Les quelques modifications du film « Le Survivant » (1971) :

 

- La guerre à l’origine de la pandémie est précisée : ce fut une guerre biologique entre l’URSS et la Chine au printemps 1975, partie d’un simple conflit de frontières. Toute l’humanité fut alors décimée.

- Neville est scientifique, médecin militaire, et s’injecte, à cette époque, un vaccin expérimental, qui l’immunise.

- La Famille envisage également de détruire toute technologie, responsable de ses malheurs, et veut également tuer Neville, scientifique donc coupable à leurs yeux de la chute de l’humanité.

- Neville habite au dernier étage d’un immeuble fortifié, équipé de plusieurs armements rudimentaires, la Famille étant imperméable aux armes et aux techniques désormais.

- Il rencontre deux fois Ruth, renommée Lisa, croyant apercevoir une survivante la première fois, puis la revoyant la deuxième fois plus tard.

- La Famille capture une première fois Neville, trop imprudent, lui fait passer un jugement d’opérette, et le déclare coupable d’hérésie, sentence prononcée par le chef de la « Famille », Jonathan Matthias, un ancien présentateur télé. Neville est condamné à mort et presque brûlé sur le bûcher au milieu du stade. Il en est sauvé par Lisa, et par Dutch, un ancien étudiant en médecine, tous deux membres d’un groupe de survivants composés pour la plupart…d’enfants.

 

 

En effet, leur jeunesse leur a conféré une certaine résistance au virus, mais ils n’en sont pas pour autant guéris, et succomberont tôt ou tard à la mutation. Même en reproduisant plusieurs fois le vaccin original, sauver toute l’humanité infectée prendrait des années, et la maladie aura été la plus rapide, Neville travaillant finalement pour rien. Dernière solution : créer un sérum rapide à partir de son propre sang. Neville et Lisa retournent alors chez lui, laissant le groupe dans sa planque, et commencent à soigner Richie, le petit frère de Lisa, qui vient à tomber du côté maladif. Neville et Lisa passent alors une soirée romantique ensemble, quand soudain les plombs sautent, car le générateur tombe en panne d’énergie. La Famille en profite pour attaquer, et Matthias envoie son second, Frère Zachary, escalader l’immeuble de Neville jusqu’au balcon ouvert. Celui-ci a laissé Lisa seule le temps d’aller bidouiller le générateur ; mais revient à temps pour la protéger en faisant feu sur Zachary, qui tombe à la renverse et meurt de la chute.

 

Si le sérum fonctionne, Neville et Lisa projettent de fuir la ville ravagée avec le reste du groupe de survivants, espérant fonder une nouvelle société dans la vie sauvage, laissant la Famille mourir de son côté, en ville, qui ne va tarder à s’écrouler. Le sérum est enfin conçu, et Richie est le premier à le recevoir ; il en vient alors à repérer la planque de la Famille, et en fait part à Neville : il s’agit du Centre Civique de Los Angeles. Cependant, Richie est persuadé que la Famille a encore une part humaine en elle, et qu’elle mériterait d’être sauvée. Lisa accepte de se sacrifier et déclare qu’elle peut attendre, mais Neville refuse ; Richie désobéit et part seul tenter de convaincre la Famille de s’allier à eux et de prendre le sérum. Matthias n’en croit pas un mot et pense que c’est un piège de Neville pour les détruire ; il accuse ainsi le garçon d’être un espion et le met à mort. Neville, ayant trouvé le petit mot de Richie, se rue chez la Famille pour le sauver, mais ne trouve que son cadavre dans le prétoire.

 

 

Pendant ce temps, Lisa, inquiète, finit par succomber au virus contre toute attente, et devient presque vampire. Malgré sa résistance, elle finit par révéler à Matthias le moyen d’entrer chez Neville, et celui-ci s’en rend compte à son retour. La Famille commence à s’emparer des lieux, malgré les efforts de Neville pour les repousser, qui regarde, horrifié, sa maison et ses équipements et armes partir en fumée. Il commence à s’enfuir, mais refuse de laisser Lisa entre leurs mains. Il tente alors de tirer sur Matthias pour le désarmer, mais le revolver s’enraie, laissant le temps au chef de la Famille d’empaler Neville avec la lance de Zachary, qu’il avait abandonnée sur place avant de mourir. Le lendemain, les survivants menés par Dutch trouvent Neville agonisant dans une fontaine. Avant de rendre son dernier souffle, il offre à Dutch le flacon de sérum sanguin. Dutch et Lisa, affaiblie mais encore guérissable, quittent ensuite la ville pour toujours avec les survivants.

 

 

 

Une trame bien différente de celle du roman, donc. En sachant que l’œuvre a également eu plusieurs autres adaptations. Il faut dire aussi que l’histoire a énormément inspiré le film japonais « Nausicaa ».

 

 

 

Analyse à venir…

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