Agora
Des histoires de Seuls
De Jules Varensta — 22 août 2019 à 19h13
ENJOY THE CRUISE : CHAPITRE XI (Part 1)
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« -Terres! »

 

Le lendemain matin, Léviathan était en vue de ses seuls arrêts prévus avant New York: une grappe de colonies des premières familles au Sud-ouest des Azores.  

 

Sur un ciel blanchi par la chaleur le navire passait devant des îles tantôt rocailleuses et violacées, tantôt couvertes de conifères légers et pâturages gras, généralement sur les flancs d’un volcan en sommeil. 

 

Arrio restant à bord pour veiller sur le navire avec Alfont, ce fut Drew qui prit place dans la chaloupe avec Sybilla et David, prenant nerveusement croquis sur croquis tandis que la flottille se frayait un chemin sur une mer couverte d’une fine brume jusqu’à passer entre deux îlots couverts par des massifs de bambous dont la hauteur pouvait aller jusqu’à cinquante mètres, et dont les feuillages se rejoignaient en une faible pluie de feuilles tombant régulièrement sur les rames et la brume. 

Toussaint et tous, sauf un de ses gardes personnels étaient aux avirons sur leur propre chaloupe, quelque part sur la gauche.  

En jetant un coup d’œil dans leur direction David trouva une expression relaxée, confiante et un bref mouvement de la tête en réponse. 

 

Au delà du tunnel de verdure s’étendait un golfe où les bambous faisaient place aux conifères, aux oliveraies et aux murs blancs d’une petite ville de province, surmontées par des maisons et uniquement interrompus par une série d’arcades menant à la place devant la deuxième enceinte. 

 

Les rues, à l’ordinaire moyennement animées, commencèrent à grouiller dès que le Magister passa la deuxième porte, jusqu’à ce que le chemin ascendant se couvre d’une double haie sous les auvents et balcons.  

 

L’aire centrale de la ville avait probablement été une agora ou un forum à l’origine, mais avait depuis longtemps explosé ce cadre pour prendre la forme d’une série de places en terrasses parcourues de rampes et escaliers ombragés et bordées avec des colonnades surmontées par des temples et basiliques disparaissant sous des siècles de rénovations mauresques et gothiques. 

La végétation se réduisait à une colline couverte de cyprès à l’arrière plan de droite, face à l’aile Est de la forteresse dont les premières poternes descendaient sur la rampe vers la plus haute terrasse. 

David identifia brièvement à l’un des angles un bâtiment élancé, aux motifs océaniques comme ceux de sa cabine, la façade marquée d’un trident et avec des sentinelles au teint rouge. 

 Avec la présence de Toussaint le gouverneur local avait organisé une réception à la hauteur des circonstances, car aucun Magister n’avait posé le pied sur cette île depuis au moins cinquante ans.  

Sur la bordure de l’ultime terrasse on avait installé une table et tenelle reliant un bout de la place à l’autre, et sur la rampe au pied des remparts la garde locale défilait autant pour l’inspection que pour le spectacle. 

Toussaint, détaché de la foule dans une armure turquoise aux motifs de sangliers enrobé d’un drapé rouge, regardait passer un rang après l’autre les phéniciens et leur attirail de bronze faisant place aux maures dans leurs armures capitonnées de l’extérieur, aux espagnols et leurs tuniques fauves, et même le régiment Kaeftian, aux gilets et shorts tout en nuances de bleu, mauve et argent, aux casques coniques à ailerons de rascasse, qui s’arrêta un moment pour saluer au trident dans la direction du navire. 

Ne devant pas s’éloigner de ses supérieurs, Arrio avait eu pour solution de voir tout cela depuis le balcon de la suite d’Alfont avec des jumelles.  

 

La parade terminée, les armes présentées, les salves tirées et les animaux calmés le déjeuner put être servi, avec pour pièce de résistance une paella tellement vaste qu’elle avait des zones douces et d’autres salées. 

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