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Des histoires de Seuls
De Chrysoprase — 18 octobre 2018 à 21h15
INKTOBER 17 - MALADIE
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Elles avaient fui dans les montagnes, grâce à Yvan qui, faisant croire qu’elles le suivaient, avait détourné l’attention. Le garçon n’avait plus donné signe de vie, et elles avaient entendu l’avalanche ; si la plus jeune, protégée par sa candeur, ne semblait pas avoir fait le lien, Zoé doutait de la bonne santé du brun.

Elle avait cependant un problème plus urgent.

La petite, tombée plus d’une fois dans la neige, semblait avoir attrapé froid. Elle grelottait depuis la veille – passer la nuit dehors, malgré le fait que Zoé l’ai couverte de son mieux au détriment de sa propre santé, n’avait pas du arranger grand-chose – et son état ne semblait pas près de s’améliorer.

Sans compter que la plus grande elle-même se sentait affaiblie par l’humidité. Il leur fallait sans tarder trouver un refuge, sans quoi la suite des évènements ne tarderait pas à virer au cauchemar.

Zoé se retourna vers sa protégée : Azja ne respirait plus que faiblement, yeux clos. Aussitôt elle se précipita, la prenant dans ses bras dans un mouvement de panique ; un faible gémissement échappa à l’enfant, dont la tête retomba en arrière. Un rictus inquiet étira les lèvres de l’aînée, et c’est avec un regard paniqué qu’elle commença à doucement caresser les cheveux de l’autre.

                -T’en fais pas, Azja, ça va aller…

Les mots ne semblaient pas lui parvenir, ne tirant de la petite aucune réaction, et les larmes vinrent comme un réflexe rouler le long des joues de Zoé ; elle la serra contre elle, se relevant comme elle le pouvait.

Elle n’était pas assez forte pour porter la malade, elle le savait. Cela ne l’empêcha pourtant pas d’essayer ; mieux valait encore retrouver les soldats de Néosalem, tout plutôt que de continuer de se perdre dans la neige et le froid.

Elle ne fit que quelques pas avant de chanceler sous le poids d’Azja aussi bien que du fait de sa propre fatigue. Dans un cas comme celui-ci, Edwige aurait pu se rendre utile : à force de taper sur tout ce qui passait, elle était bien plus musclée que Zoé. Elle aurait pu porter Azja.

                -Oui, ça va aller…

Un murmure, qui lui avait échappé ; elle se le destinait plus qu’elle ne tentait de rassurer l’enfant, incapable dans tous les cas de l’entendre. Cette constatation – elle-même se rendait compte de la situation catastrophique dans laquelle elles se trouvaient – faillit l’achever, et elle trébucha sur son propre pied, s’effondrant dans la neige de côté dans une dernière tentative de protéger Azja.

Elle ferma les yeux, épuisée par le maigre effort, et se serait laissé aller au désespoir n’eut-elle soudain entendu des pas dans la neige.
Se redresser lui fut impossible, mais sa voix s’éleva faiblement dans un appel à l’aide. Elle tourna la tête alors que s’accroupissait à ses côtés une silhouette vêtue de rouge.

Ce qu’elle avait d’abord pris pour une main s’approcha de son visage ; c’était une sorte de gantelet, dont les doigts glacés empoignèrent son menton, la faisant se redresser légèrement. Ils la laissèrent aussitôt retomber dans la neige, avant que Zoé ne parvienne à voir le visage de celui qui l’examinait.

Yeux désormais fermés, elle se sentie soulevée, et n’eut pas même la force d’appeler Azja alors que le Maître-Fou l’emportait au travers de l’un de ses portails.

Ne restait derrière eux que des traces de pas et l’enfant, abandonnée dans la neige.

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