Suite de Opération Alpha. 

Autre lieu, autre époque.

-La sentence a été prononcée, lança le juge à l'accusé. Pour crimes contre les Premières Familles, et pour l'assassinat de monsieur le chancelier de Douvres, vous êtes condamné à six cent ans de chambre blanche. Vous résiderez aux Catacombes, avant d'être transféré à la chambre blanche la semaine prochaine. L'audience est levée. 

Le prisonnier, calme, se laissa emporter par les juges. Les jurés commencèrent à sortir de la salle, et le juge retira sa perruque lorsqu'un jeune garçon, au visage à moitié brûlé, entra dans la salle. Il apostropha le juge, qui, après lui avoir expliqué que la discussion n'était pas possible, consentit à lui accorder quelques minutes de son temps. 

-J'ai ici un arrêté de l'Ancien, maître suprême des Premières Familles, qui réduit drastiquement la peine du jeune homme que vous venez de condamné, expliqua l'enfant. 

-Pour quelles raisons ? demanda le juge. 

-Cet homme que vous venez d'arrêter, le Comte de Salier, n'est pas responsable de trahison, et l'assassinat de Douvres n'a pas été commis par lui, murmurmura le garçon. La peine devra être réduite à dix ans de catacombes, après lesquelles il pourra pleinement revenir à ses occupations de Maire de Salem, sénateur de l'assemblée de Salem et membre suprême du gouvernement. 

-Vous oubliez l'affaire Angebot, monsieur... 

-L'affaire Angebot n'a officiellement jamais eu lieu. Ordre de l'Ancien. 

-C'est bien la semaine prochaine qu'a été fixée le départ du pouvoir de l'Ancien, demanda le juge. Bien ! Dans une semaine, Salier reviendra à sa condamnation. 

-Vous ne comprenez pas ! s'écria l'enfant. Salier, par cet arrêté, est reconnu pour ses crimes. Cependant, aucune peine supplémentaire ne pourra être appliquée après sa sortie de prison, pour ces mêmes crimes. Vous n'aurez pas le droit de ramener Salier au tribunal pour les mêmes motifs qu'aujourd'hui. Cet ordre vient de très très haut, gardez ça en tête. 

L'enfant sortit du tribunal, laissant un juge totalement abasourdi par ce qu'il venait d'entendre. Il était cependant forcé d'accepter les ordres de l'Ancien. 

-Qui est ce jeune homme ? demanda-t-il à un des gardes. 

-Il s'est présenté sous le nom de Toussaint, répliqua-t-il. Jamais vu. L'ancien nous avait annoncé sa venue, en précisant qu'il ne s'était jamais présenté dans aucune ville des Premières Familles sous ce pseudonyme - Toussaint. Un nouveau, en quelque sorte. Ou un ancien qui se fait passer pour un nouveau. 

Le juge sortit de la salle, suivie par une des personnes ayant suivie le procès. C'était une fillette, pas très vieille, et qui n'avait pas l'air très intelligente. 

-Qui était ce jeune homme ? demanda-t-elle au magistrat. 

-Un jeune homme qui veut faire annuler la peine du Comte Salier, sous arrêté de l'Ancien. Il s'est présenté sous le nom de Toussaint. 

-Toussaint, vous dites ? murmura-t-elle. Je dois vous laisser. 

Elle le quitta pour regagner sa chambre, dans un petit hôtel dans la banlieue Salemienne. Elle s'installa à son bureau, pris sa plume, et écrit sur un morceau de papier quelques mots, avant de l'attacher aux pattes d'un pigeon et de le faire voler vers le destinataire de sa lettre. 

Il semblerait que quelqu'un veuille faire libérer Salier. Quelqu'un qui se présente sous le nom de Toussaint. Quelqu'un qui n'arrêtera pas d'ursuper mon identité, à mon avis. Que faire ?