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Des histoires de Seuls
De Sherlocktheorie — 20 juin 2017 à 21h27
La Terreur d'un regard
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(Suite du défi de Malike sur le duel Toussaint-Koupchou)

 

Anton et Diane entrèrent précipitemment dans la pièce, surprenant Koupchou en train de stopper l'hémorragie de Terry, allongé au sol. Anton claqua la porte, la verrouilla et se précipita vers Terry, tandis que Diane restait immobile, le regard planté sur le couteau ensanglanté qui gisait au sol. "Toussaint...murmura-t-elle, on est arrivé trop tard...

- Il va s'en sortir, bredouilla Anton, en désignant Terry, il faut l'emmener quelque part à l'abri...

- Je sais où il faut aller, glissa Diane, je connais un ami qui pourrait nous aider.

- Alors, répondit Anton, on y va..."

Koupchou prit Terry dans ses bras, récupéra le couteau de Toussaint et suivit la sage, accompagné d'Anton. Ils traversèrent le château en utilisant des passages discrets et arrivèrent à un croisement d'une aile plus moderne du palais. Diane appuya sur un bouton et la paroi s'ouvrit, révélant un ascenseur menant à l'héliodrome. "Nous allons prendre le dirigeable, expliqua-t-elle, mon ami nous y attends..." Koupchou déposa Terry dans les bras d'Anton et, chose extraordinaire, retira son masque, le plaçant sur la tête de Terry. Puis il se retourna et partit en courant, laissant Diane, Anton et Terry seuls, dans l'ascenseur. Il allait vers la chambre blanche.

Koupchou se rendit sans encombres à sa destination, par on ne sait quel miracle. Il ouvrit les portes de la chambre maudite, devant lui, plusieurs lits étaient chirurgicalement alignés, la plupart vide, le reste contenant des zombies ou des traîtres. Une allée entre ces lits macabres menait à un berceau, dans lequel elle reposait. Lucie. Koupchou s'approcha, les larmes inondant ses pupilles, il ne voyait plus les soldats qui s'amassaient à la porte, plus les armes tendues vers lui, plus la haine ou la peur dans les yeux de ses ennemis, juste les paupières closes de la raison de son existence. Toute sa vie, elle avait été sa seule famille, la seule chose, qui, chaque matin lui donnait la force de tenir jusqu'au soir, d'affronter sa vie et sa solitude. Et c'est ce qu'il avait aussi pensé en arrivant dans les Limbes. Il n'était pas devenu le Maître des couteaux par choix, mais parce qu'elle en avait besoin. Dedans il était Koupchou, dehors, il était le Maître des couteaux. Les autres l'avaient considéré comme une menace, un danger, pas pour ce qu'il était. Ils étaient aveugles, il ne voyaient pas la lueur au fond de son âme, uniquement le noir abyssal qui l'entourait. Ils ne voyaient pas l'enfant, ils voyaient le tueur. Mais il y avait Terry. Terry qui ,lui, l'avait vu pour autre chose que tout cela, pour ce qu'il voulait être, pour ce qu'il avait toujours voulu être. Pour un membre d'une véritable famille. Et Koupchou avait compris qu'il n'était plus seul, et que tant qu'il serait en vie, il défendrait cette famille. Il se battrait pour cette famille. Et désormais, il n'avait plus besoin du masque pour savoir qui il était, il n'avait plus besoin de se cacher. Il n'était plus le Maître des couteaux, non pas parce qu'elle l'avait décidé, mais parce qu'il ne l'avait jamais été, parce qu'il n'avait jamais été un héros.

Il n'avait de nom que celui que l'on lui avait attribué : Koupchou. Parce que c'était sous ce nom qu'il avait réellement appris à vivre. L'autre, il n'en voulait pas, ce n'était pas le sien, c'était celui d'un enfant qui n'avait pas de famille, lui en avait maintenant une.

Son nom était Koupchou, et il n'était plus le Maître des couteaux ; parce que la terreur qu'il insufflait n'était pas ce qu'il voulait, parce qu'il voulait que ses ennemis lisent dans son regard quelque chose que des mots ne sauraient décrire, quelque chose d'autre que la haine, la furreur ou la mort, ce pourquoi il se battrait jusqu'à son dernier souffle. Quelque chose contre quoi, même la plus aiguisée des lames n'aurait rien pût faire... L'amour des siens.

 

Son dernier couteau ricocha contre le sol dans un tintement sourd, irréel. Et ses yeux trop longtemps éteints, brillèrent enfin d'un éclat déterminé, alimenté par cette lumière qu'il avait enfin retrouvée. La vie.

 

À suivre...

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