Alors oui je sais euh Inktober c'est pour les dessins euh je sais mieux que toi euh tu sais moi j'ai un album de Ju JE SAIS ! MAIS JE FAIS CE QUE JE VEUX ! ALORS FOUS MOI LA PAIX. Tout ça pour dire que je ne ferais pas ça tous les jours, mais que je trouve le concept cool, merci malilike ! 

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-Raconte moi une histoire ! 

Le jeune blond regarda le ciel, doucement, mélancolique, se chantant dans sa tête des airs de Chopin, la fantaisie-impromptu, au milieu de la colonie, qui avait, d'un seul coup, conquis la prairie, pullulant maintenant de tentes de couleurs variées, mais souvent fades. Il tourna un peu la tête pour voir qui lui avait parlé, et retourna fixer la lune, blanche dans un ciel noir, sans nuances, sans vie. 

-Pourquoi tu veux une histoire ? demanda-t-il. 

-Ma maman me racontait toujours des histoires, répliqua le petit enfant, joyeux. 

-Tu sais, je ne suis pas très doué pour les histoires... 

C'était au beau milieu d'une vallée - infestée d'une forêt assez dense, mais dans laquelle ils avaient pu trouver une immense clairière, et c'était là qu'ils s'étaient installés. Certains d'entre eux était nouveaux - la plupart, d'ailleurs - mais d'autres étaient morts depuis bien longtemps. 

-Mais je veux bien essayer de t'en raconter une. C'était il y a longtemps - les plus anciens, dont je fais partie, ne s'en souviendrons que très mal,  sauf si l'histoire les a touché, de ses doigts froids et crochus. Car le manteau que revêt le destin, dans cette aventure, est un manteau noir, comme celui que j'allais moi même porter pour le deuil d'une personne qui m'était chère. Cette personne apparaît dans mon histoire, mais que très brièvement, puisqu'elle va rapidement partir. 

Il marqua une pause, sans chercher à guetter de réaction de la part de son auditeur, sans même le regarder, sans détourner son regard impassible de la lune pâle. 

-Cette personne, c'était une jeune fille - d'une certaine manière, elle me ressemble un peu, érudite, blonde, aux yeux bleus, dôtée d'un profond goût pour les arts et les sciences, et j'entretenais pour elle ce qu'elle entretenait pour moi : un amour et une admiration sans faille. Nous exercions le même travail, dans le même bâtiment. Pour résumer, nous étions assez importants pour l'empire de ce temps-là. Il m'arrivait, évidemment, de m'absenter, pour Salem - ce que vous connaissez maintenant sous le nom d'Yrlac, la plus grande ville de l'empire des Dernières Familles. C'était lors d'une de ses visites que j'appris une nouvelle qui me boulversa. 

Il avait changé d'air. Maintenant, c'était la marche funèbre. 

-Cancer. Tumeur au cerveau, si ma mémoire est bonne, murmura-t-il. Je n'ai pas pu revenir à temps. On ne revient pas de ces choses-là - je crois que je dois te prévenir, mon histoire est moins joyeuse que prévu. C'était il y a quinze ans, et je revois son enterrement, avec une procession beaucoup trop importante, comme si c'était hier. 

Ils avaient pénétré dans la vallée par une cheminée naturelle, creusée depuis l'autre flanc de la montagne. Ils avaient dû se dépêcher, car s'ils étaient restés de l'autre côté, dans l'empire d'Alderic, ils auraient tous subi le même châtiment définitif que Diane. 

-Quinze ans... Je ne sais pas si tu as bien appris ton histoire des Limbes, mais tu saurais que c'était à peu prêt du temps de la chute de Néosalem. Sa sépulture a été violée dans la semaine suivant son enterrement. Son corps a été transporté jusqu'en haut du château de Néosalem, enduite d'une épaisse couche d'huile, brûlée, puis jetée sur la grande avenue Néosalienne. Eloi n'a pas tenu plus longtemps ; lui est mort dans le mois qui suivait. 

-Et toi ? demanda l'enfant. 

-Moi ? Je pense que j'aurais préféré subir le même sort, mais ce doigt froid m'a tiré des griffes de la mort, et m'a laissé bredouille, bien vivant. 

Une larme coulait sur sa joue. 

-Dis, ton histoire elle est vraie ? 

L'enfant n'avait que sept ans, pensa Lucius. 

-Non, rétorqua-t-il, alors qu'une nouvelle larme sortit de son œil.