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Des histoires de Seuls
De Lathos — 16 décembre 2017 à 15h15
Akhenaton MMXIV - IX (R)
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Le train s'arrêta dans une gare délabrée, déserte, où nous sortîmes et regardâmes le train partir sans nous. Les trois enfants les plus puissants des Limbes et le seul enfant qui n'en avait pas peur étaient sur le quai de la station la moins bien entretenue de toutes. Une jeep arriva sur les quais, en passant sur un petit promontoir de mousse qui s'était accumulé là depuis longtemps. Le conducteur en sortit ; c'était un soldat, de huit ans probablement, tout ce qu'il y avait de plus ordinaire.

-Messieurs, dit-il.

Nous montâmes dans la voiture, moi à l'avant, eux à l'arrière. Les vitres étaient blindées, mais le matériel était ancien. Une zone de guerre qui n'en était plus une.

-Comment vous-appelez-vous ? demandais-je au chauffeur.

-Pierre Milowskoï, rétorqua-t-il.

-Pierre, pourquoi n'y allons-nous pas à cheval ?

-Le froid, tout d'abord, le colonel Lacinski de la caserne 67, la plus proche d'ici, m'a signalé que dans les hauteurs, les températures allaient jusqu'à moins 20 degrés, et nous pensions que vous seriez mieux dans une jeep. Mais ce n'est qu'une raison mineure. La région est assez dangereuse. Entre les malades de Lambrey Lodge qui se préparent à je ne sais quelle révolte, et ce Saurignac dont vous nous avez parlé, on a peur d'une attaque.

Bravo, Milowskoï.

-Monsieur Milowskoï, vous devez vous y connaître mieux que nous sur Lambrey Lodge, murmura Martingale. Que pouvez-vous nous dire ?

-La secte est monothéïste, contrairement à notre religion polythéïste. Ils vénèrent un dieu, qu'ils appellent Kav'yi, une sorte de monstre rouge avec trois cornes, dont ils affichent les statues un peu partout. Pendant un temps, ils étaient sympas, ils fréquentaient Valitir, le village du coin, ils allaient au fête, et caetera. Il y a maintenant deux mois, plus aucune nouvelle d'eux.

-Ils ont commencé à se comporter bizarrement avant l'évasion de Saurignac ? demanda Rotmund.

-Ils n'étaient pas vraiment normaux avant non plus, croyez-moi. Les gars qui venaient à Valitir, c'était les simples cultistes ; leurs prêtres et leur grand maître sont vraiment bizarres, par contre. On les a croisés une fois, il y a trois mois, pour rappeler leurs cultistes, annonçant une sorte de prophétie macabre... Ils disaient que tout le village allait disparaître, ou je ne sais quoi. Vous savez...

Une balle se logea dans son crâne. Elle avait fendu la vitre avec une aisance surprenante si l'on prenait en considération l'armature du véhicule. Deux hommes, habillés tout en noir et dont les traits étaient masqués par l'ombre d'une capuche, s'étaient interposés sur la route. L'un d'entre eux vint à la fenêtre de Martingale et lui fit signe de la baisser.

-Faites ce qu'il dit, ordonna Saint Paul, dont les yeux étaient braqués sur l'arme de notre ravisseur.

Martingale ouvrit la fenêtre, et nous pûmes entendre la voix de l'enfant.

-Sortez, les mains en l'air, de l'autre côté de la voiture. N'essayez pas de résister, nous sommes armés et nous tuer ne vous avancerait en rien.

Nous obéîmes, et nous rencontrâmes son complice, qui avait à la main une petite malette. Martingale tâtait l'arme qu'il avait dans sa poche, mais une balle traversa son bras. L'autre enfant était déjà revenu.

-Abandonnez l'idée, Martingale, ordonna-t-il.

L'enfant à la malette ouvrit son bagage, et dévoila quatre seringues de couleurs différentes. Il se tourna vers Martingale.

-Vous dormez du côté droit ou du côté gauche ? demanda-t-il.

Martingale refusa de répondre.

-Disons le droit.

Il attrapa son bras gauche et le piqua avec une des seringues. Il réitéra sa demande vers nous trois, mais nous fûmes plus coopératif.

-Un petit fortifiant, nous dit-il après avoir achevé de nous piquer. Bon, remontez à l'intérieur du véhicule, ils nous reste un peu de route à faire.

L'enfant au pistolet nous guida, laissant son complice sur place avec un cheval. Je pense qu'il a dû s'écouleur au moins deux minutes avant que Saint Paul ne se rende compte que Martingale n'était plus avec nous.

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