©Cuadrado
Ce jour-là, Norbert s’occupait d’entraîner les derniers engagés. Au programme, footing et chant.
-Pèse le foin et elle se lève
-Pèse le foin et elle se lève
-Y’en a plus pour la relève
-Y’en a plus pour la relève
Bien entendu, il courait lui-même à la tête de sa colonne et chantait chaque strophe avant les autres.
-Avec nous tu cour’ras bien
-Avec nous tu cour’ras bien
-Pour de meilleurs lendemains
-Pour de meilleurs lendemains
-Chef ! Chef !
Norbert fit un signe pour que tout le monde s’arrête et rejoignit le garçon essoufflé en fin de cortège :
-Je peux aller à l’infirmerie, chef ?
-Tu te crois dans un club de vacances ?
-Non, chef ! C’est que j’ai des ampoules aux pieds.
-‘Veux pas l’savoir ! Un garde ne se plaint jamais !
-Chef, oui, chef !
-L’infirmerie, c’est pour les mauviettes !
-Chef, oui, chef !
-Les chochottes, moi je les dresse à coups de bottes dans le croupion !
-Chef, oui, chef !
-Alors tu vas trotter et plus vite que ça ! C’est clair ?
-Chef, oui, chef !
¤
Plus tard, dans le cabinet d’Octave…
-Je vais devoir te prescrire trois jours de repos. Désolé, Norbert, mais c’est vraiment une méchante extinction de voix !